Andrea Camilleri est surtout connu en Italie comme auteur de gialli (romans policiers) mettant en scène le commissaire Montalbano.
Mais il a aussi écrit des œuvres romanesques qui s’inspirent de faits historiques siciliens, moyenâgeux ou « postmoyenâgeux ». Il s’agit d’évènements historiques mineurs, mais dont il parvient à faire des sortes d’épopées.
Un précédent roman, « le roi Zosimo », se déroulait dans la région d’Agrigente, au début du XVIIIème siècle. « La révolution de la lune » se passe à Palerme à la fin du siècle précédent (1677), la Sicile étant alors sous domination espagnole.
L’histoire de cette Eleonora, devenue vice-roi d’une Sicile étouffée par la corruption et la vie scandaleuse des puissants et du haut-clergé est décrite avec beaucoup de verve et de truculence. Camilleri utilise en effet une langue étrange, mélange d’italien moderne, de dialecte sicilien, d’italien ancien et même aussi d’espagnol, langue d’origine de cette Eleonora.
C’était évidemment une gageure d’essayer de traduire en français un texte fait d’abord pour provoquer et déconcerter le lecteur italien. La traductrice, Dominique Vittoz, qui avait eu recours au même procédé pour traduire « le roi Zosimo », utilise, outre bien sûr le français actuel, le dialecte régional lyonnais (en correspondance au sicilien) et des expressions de français ancien, en alternant les tournures dans la même phrase.
Le résultat, évidemment déconcertant au début de la lecture, donne un texte dont le lecteur suit le sens malgré l’étrangeté de certains termes, emporté par le mouvement de la narration et des dialogues.
Même s’il est probablement un ton au dessous du « roi Zosimo » et que le récit s’étire un peu dans les derniers chapitres, on retrouve cet univers cocasse que Camilleri sait fort bien décrire, avec des images parfois crues et triviales, dans une joyeuse bonne humeur.