L’interview du mois : Gondolier à Sucé-sur-Erdre

 

« Je suis un rameur vénitien, un vogatore in piedi ». C’est par ces mots qu’Éric se présenta pour s’inscrire à son tout premier cours d’italien et pour la toute première fois au CCFI de Nantes. Déclaration d’autant plus intrigante quand elle fut suivie de : « A Sucé-sur-Erdre », il fallait en savoir plus.

Comment pouvait-on pratiquer la gondole vénitienne à Sucé-sur-Erdre ? Et pourquoi ?

Comment pouvait-on pratiquer la gondole vénitienne à Sucé-sur-Erdre ? Et pourquoi ?

Ce fut à la suite d’une journée découverte, en 2015, qu’Éric prend goût à l’aviron dit à l’anglaise c’est-à-dire assis dans l’outrigger, sur notre belle rivière de l’Erdre et qu’il s’essaie plus tard à la rame debout à force de voir « de jolis bateaux vénitiens lui faire de l’œil ». Révélation.

Comme l’homo sapiens découvrant la station verticale et donc l’horizon immense, notre rameur in piedi lève les yeux, découvre enfin sa direction alors que s’ouvre à lui l’espace aquatique magnifique de l’Erdre peuplé de hérons et autres espèces bordant ses rives.

Dès 2017 après force entraînements car le travail physique est aussi engageant que dans la pratique de l’aviron classique, notre sportif persévère dans l’apprentissage des mouvements spécifiques sur des bateaux de moins de 200 kilos jusqu’à la gondole convoitée de 600 kilos.

C’est au Rowing Club de Sucé-sur-Erdre, le club d’aviron sucéen que notre gondolier s’entraîne tous les samedis grâce aux deux véritables gondoles vénitiennes que possède le club dont l’une, illustre, acquise en 2011 à la suite des Fêtes vénitiennes de Versailles et starlette du film « Les Adieux à la Reine » de Benoît Jacquot, tourné en 2012. Chaque gondole peut supporter de 1 à 4 rameurs.

Notre déjà amoureux de l’Italie pour l’avoir arpentée en camping-car et bien sûr de Venise, s’inscrit en 2019 avec son club à la Vogalonga, randonnée le dimanche de pentecôte au départ de la Piazza San Marco reliant Murano et Burano d’une trentaine de kilomètres. Ouverte à toutes les embarcations à avirons ou à pagaies, la Vogalonga est née en 1975 d’un groupe de vénitiens protestant contre les dégâts provoqués par les bateaux à moteurs et se vit toujours comme une action pacifique contre la houle et la dégradation de la lagune.

Nos rameurs sucéens s’associent alors à Un po di donne. Donne a Remi, groupe de rameuses issues de l’Associazione canottieri giudecca Venezia et forment deux équipages mixtes pour les bateaux appelés caorlines.

2020, l’année horribilis du Covid 19 empêcha toute manifestation aquatique. Ce qui ne calma pas les ardeurs de notre canoteur qui grâce à une formation à distance obtint un joli Diplôme de Istruttore Canottaggio Voga in piedi en mars 2021, délivré par le très sérieux CONI Comitato Olimpico Nazionale Italiano.

Ses projets pour 2022 : la Vogalonga en mai à Venezia bien sûr et la participation au second Campionato nazionale di Voga Veneta, Eric gagna la deuxième place dans sa catégorie au premier Campionato. Mais son tout prochain challenge c’est d’apprendre l’italien au CCFI afin de pouvoir échanger couramment en italien avec ses coéquipiers ou coéquipières au-delà des termes techniques de la Voga qu’il maîtrise très bien.

Souhaitons-lui bonne rame et motivé comme l’est Éric, à la Pentecôte prochaine, ses amis italiens seront surpris de son aisance dans leur langue natale.

Buona fortuna !

Interview de Patricia Solini