Vivement le prochain festival Univerciné italien

Patrick Gérard, cinéphile du CCFI, a parcouru les salles du Katorza pendant le festival UnivercIné italien de février 2022. Il vous livre ses impressions et le palmarès de cette édition.

Pour cette édition du festival Univerciné italien 2022, 

nous avons enfin retrouvé le chemin des salles dans une chaleureuse ambiance, même si la tonalité des films présentés a été souvent plutôt sombre, reflétant le climat de l’époque.

Mais nous avons pu assister à nouveau à une belle présentation de jeunes réalisateurs, pour une bonne part de premiers films inédits en France, dans une programmation resserrée, mais passionnante et en fait très diverse. Voici quelques repères sur une partie de la sélection (la totalité est accessible sur le site « Univerciné »).

« l’Arminata », de Giuseppe Bonito

Lors de la soirée d’ouverture, après la présentation du festival par la Présidente, Gloria Paganini, toujours passionnée et dont l’enthousiasme est contagieux, c’est « l’Arminata », de Giuseppe Bonito, qui a inauguré les projections. L’histoire, tragique, est celle de « la revenante », une adolescente de 13 ans, retirée de la famille bourgeoise dans laquelle elle vivait depuis sa naissance et qu’elle prenait jusque là pour sa famille, pour être rendue sans ménagement à sa famille d’origine, fruste, dans un milieu rural de grande pauvreté et surtout de rudesse et de brutalité. Une confrontation violente que vient à peine adoucir une petite sœur espiègle et attentive.

 Sur un registre bien différent, « Freaks out », de Gabriele Mainetti, est un film étonnant où le début poétique et enchanteur dans un petit cirque pourtant assez misérable, laisse vite la place à une grande violence puisque c’est l’irruption brutale du nazisme, de la guerre, des destructions, des bombardements. Dans un style qui emprunte aussi bien à Tarentino qu’à Fellini, la description de cette descente aux enfers entrait d’autant plus en résonance avec l’actualité que la projection a eu lieu deux jours après le début de l’invasion des troupes russes en Ukraine. Bonne nouvelle : ce film à bien des égards très surprenant doit sortir sur les écrans français dans les semaines à venir.

« l’Arminata », de Giuseppe Bonito
« il Legionario », de Hleb Papou

   Il faut bien sûr citer « il Legionario », de Hleb Papou, remarquable film qui a obtenu le Prix du public. Il se passe dans un grand immeuble de la banlieue de Rome dont le squat est toléré depuis une quinzaine d’année par la municipalité, mais dont l’évacuation vient d’être décidée. Daniel, seul policier noir de l’unité de police antiémeute de la ville est confronté à un dilemme cruel : il est chargé de faire évacuer les lieux alors que sa mère et son frère font partie des occupants du squat. Questions sociales et raciales sont traitées avec justesse et efficacité dans une très belle mise en scène.

 Place aux classiques ensuite avec « L’avventura ». Le décès récent de Monica Vitti a justifié le choix de ce film magnifique de Michelangelo Antonioni, où l’actrice trouve un de ses plus beaux rôles.

Monica Vitti dans l’Avventura
« Cosa sarà » de Francesco Bruni

          Et « Cosa sarà » de Francesco Bruni, film de clôture, aurait pu verser dans le drame implacable, puisqu’il s’agit d’un homme chez qui vient de se révéler une pathologie cancéreuse dont on va suivre la prise en charge et ce qu’elle entraîne d’altérations physiques et de conséquences psychologiques. Mais une fois encore le talent du réalisateur montre ce savoir-faire des auteurs italiens, qui parviennent à mettre dans le drame des notes d’humour, des situations cocasses, amenant une profonde humanité dans ces circonstances difficiles.

   Au total une belle palette de talents qui nous fait attendre avec impatience l’édition 2023 !

             Le palmarès 

 Le Prix du Public

Il Legionario

de Hleb Papou

Le Prix du Jury lycéen

Lovely Boy

de Francesco Lettieri

Le Prix du jury Univerciné

Europa

de Haider Rashid

Patrick Gérard